Voyage Suisse – Indes et retour en Citroën 2CV (1984-1985) – Page 6

Itinéraire des Indes en Suisse

SOS camion-stop - Mehmet attache notre 2CV sur "son dos" pour nous faire sortir d’Iran et nous amener dans son village

Le grand départ…

Sur le chemin du retour: c’est parti, le même parcours sera employé. Mais cette fois, ce sera Christiane qui prendra le volant jusqu’à la frontière du Pakistan. Dès l’Iran Roland en meilleure forme conduira. (Ne pas oublier que dans ces contrées musulmanes, une femme au volant c’est n’est pas habituel). On vous laisse les détails « routiniers et mécaniques » de côté jusqu’à la fin de la piste pakistannaise.

La boite à vitesse a pris un coup: sur la piste, une centaine de kilomètres avant la frontière Iranienne, la visibilité diminue car une petite tempête de sable s’est levée; la 2CV se plante dans une « gonfle » de sable, le seul moyen de s’en sortir est de faire un démarrage forcé en marche arrière, et CRAC… un bruit bizarre… vu la visibilité quasiment nulle, inutile d’analyser la panne. La voiture a l’air de fonctionner « plus ou moins », mais certaines vitesses n’entrent plus!

Le passage de la frontière Iranienne se passe mal: sous une forte tempête de sable, fouille complète, toutes les affaires sont déposées à même le sol; des jeux et des journaux sont confisqués, il est même question de scier la courge du sitar pour contrôler si de la drogue n’est pas cachée à l’intérieur. Après maintes discussions, les douaniers proposent à Roland le « deal » suivant: s’il arrive à prouver qu’il sait en jouer, le sitar ne sera pas ouvert ! Ouf… Roland fait quelques gammes, et le tour est joué… (Chrisitiane se vante d’être la seule femmme au monde à avoir entendu « un concert » de sitar dans une douane iranienne) le voyage peut donc continuer.

Sur la route de l’Iran: la boite à vitesse se dégrade, apparemment la marche arrière, la première et la troisième ne fonctionnent plus, reste la deuxième et la quatrième! Malgré un arrêt dans un garage pour remettre de l’huile dans la boite et essayer de comprendre la panne, rien n’y fait.
2000 Km sont parcourus dans ces conditions et les bruits bizarres s’aggravent. Les Chablues se disent qu’il faut absolument arriver jusqu’à Téhéran. Là, ils devraient trouver des possibilités de transbordement jusqu’en Turquie (le visa n’est délivré que pour 5 jours, il faut donc rapidement sortir du pays).

Camion stop et Turquie

A la sortie de Téhéran: c’est terminé, la « deuche » n’avancera plus; la boite a serré… mais, oh miracle ! elle a réussi à sortir la famille de Téhéran et la mettre sur la bonne route (celle qui va en direction de la Turquie) avant de rendre l’âme.
Plus qu’une solution, puisque beaucoup de camions turques viennent livrer du matériel et rentrent à vide; il faut faire du « camion stop » pour sortir de l’Iran!
Aussi vite dit, aussi vite fait; Roland n’a pas beaucoup a attendre avant qu’un camionneur turc s’arrête, il ne parle ni français, ni anglais, mais il comprend la situation et donne son accord pour sortir les Chablues du pays en prenant la 2CV sur « son dos ». En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la « deuche » est attachée sur le pont du camion et la famille invitée à prendre place à l’intérieur de la cabine, à côté de Mehmet notre « pilote ».

Mehmet un gars « classe et super cool »: les kilomètres passent, des liens se créent (preuve qu’il n’y a pas toujours besoin de parler pour s’entendre). Mehmet propose l’hospitalité aux Chablues en les emmenant dans son village, proche de Samsun (mer Noire). La frontière Iran – Turquie est passée avec quelques problèmes à cause de l’originalité du chargement (Mehmet explique la situation aux douaniers, il s’en sort avec peine, mais les douaniers iraniens acceptent de nous laisser passer). Après une journée de route ils arrivent dans le village de Mehmet.
En Turquie chez Mehmet: les Chablues sont accueillis comme des Princes par la famille de Mehmet, nourris et logés (chambre d’hôte). Quelle hospitalité !.

Réparation de « fortune »: Mehmet propose de montrer la 2CV à des amis garagistes. Enfin la vérité sur la panne est connue: le carter de la boite à vitesse a été transpercé par le pignon de la marche arrière (le morceau cassé du carter est retrouvé au fond du châssis) un trou de 7 à 8 cm de diamètre a laissé échapper toute l’huile, raison pour laquelle la boite a finalement serré ! (tout de même, avouez que 2000 km sans huile dans la boite à vitesse, il faut le faire …. et vive la 2CV. Merci Citroen). Les garagistes du coin ne possèdent pas la bonne soudure (type « duralumin ») pour réparer; il leur faudra une journée complète pour trouver les baguettes compatibles et faire les tests adéquats. Finalement le morceau est recollé, le plein d’huile effectué, la boite re-fonctionne; par contre les vitesses sont endommagées (la marche arrière, la première et la troisième) ne fonctionneront jamais plus. Tant pis pourvu qu’ça roule ! Roland sait qu’il n’aura aucune peine à trouver une boite d’occasion à Athènes.

Après une semaine passé chez Mehmet, il est temps de partir. Les Chablues proposent une certaine somme (200 $-US) pour défrayer Mehmet, sa famille et le garage… Mehmet se fâche « aussi sec »… ici l’hospitalité prime sur le business, pas moyen de discuter. Quelle classe ces gens! (Allez, on avoue… On a quand même réussi à déposer subrepticement un beau brocard dans la chambre avant de partir; et plus tard envoyé des tas de chocolats à Noël).

Indes – Turquie
Galerie de 14 photos en relation avec le récit ci-dessus

De Turquie en Grèce et retour en Suisse

Arrêt de quelques jours à Istambul et visite de la ville (ah… ce marché couvert. En plus à Istambul il y’a même une Migros !).

A Athènes: la famille grecque de Roland les hébergent le temps de raconter le voyage et de réparer la boîte. Roland et son oncle écumerons les décharges pendant deux jours avant de trouver le bon modèle (avec frein à disques et pas à tambour): Roland effectue le changement, tout fonctionne à nouveau « comme du neuf ».

Les Chablues décident alors de se refaire une santé avant de rentrer en Suisse: ils quittent Athènes et s’en vont en direction de Pylos au sud du Péloponnèse pour deux semaines de camping sauvage au bord de la mer.

Grèce-Italie en bateau et fin du voyage: c’est fini, le retour en Suisse est entamé: bateau via Patras – Bari, puis autoroute jusqu’en Suisse.
Conclusion, comme dans la maxime (ou le poème): « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »

De Turquie en Grèce et retour en Suisse
Galerie de 5 photos en relation avec le récit ci-dessus

FIN

Note de fin, quelques dizaines d’années plus tard: pendant ce voyage, à part les photos comme souvenir; nous n’avions pas pris beaucoup de notes. . Nous avons complété les textes “de mémoire” sur la base de notre petit carnet de route, car il nous a semblé bon de laisser quelques traces de ce « trip familial » peu commun.

Ce récit est dédicacé à Julie qui a fait ce voyage à l’âge de 2 ans avec ses parents… Pour qu’elle se souvienne !

Et puis finalement, pour vous montrer « que la pomme n’est pas tombée si loin l’arbre », Julie, en 2001, a choisi les « hippies » pour son travail de maturité / baccalauréat. Ce travail est d’ailleurs visible sur le web, si cette épopée vous intéresse… Bonne visite!

Mars-Avril 2004 (2021 pour le remise à jour du site) : les Cha-Blues: Christiane et Roland

PS : si ce récit de voyage vous a plu et que vous le désirez nous le faire savoir, vous pouvez nous envoyer un petit message