Voyage Suisse – Indes et retour en Citroën 2CV (1984-1985) – Page 1

Préliminaires, préparatifs et départ. Itinéraire de Suisse en Iran

En route, entre Turqui et Iran

La genèse 1961-76:

Roland né d’une mère grecque et d’un père suisse, est mis « au parfum » des voyages; puisque à partir de l’âge d’un an et demi déjà (1961) sa parenté l’emmène régulièrement en Grèce en utilisant tous les moyens existants: train, bateau, bus, voiture, etc… via l’Italie et la Yougoslavie. Dormir à « la dure » dans un hamac, être « trimbalé » dans tous les sens, il connaît.

Plus tard, adolescent (entre 15 et 17 ans), il va continuer son chemin tout seul en Europe (grâce à l’Inter-Rail) en tirant même « une bourre » jusqu’au nord du Maroc. Les escapades en Grèce restant « l’ordinaire » de ses vacances d’été; puisque son « premier amour », une copine du terroir, le motive à y aller régulièrement.

En éclaireur, 1980-81:

Roland décide de partir aux Indes « sac au dos », en avion pour une durée de 4 mois.
D’abord le nord des Indes en train et en bus: Delhi, Agra, Bénarès et Luknow, ville depuis laquelle il emprunte l’avion pour aller au Népal (Katmandu, Pokhara) après un mois passé dans ce pays montagneux et idyllique, qui lui rappelle la Suisse; une envie de voir la mer le pousse à prendre l’avion pour le Sri Lanka (Ceylan), île balnéaire par excellence. Après un mois de repos bien mérité, il prends le bateau à la pointe nord de l’île pour retourner aux Indes. D’abord il longera la côte est en passant par Madurai, Madras, Puri et Calcuta, de là retour à Bénarès puis finalement à Delhi où il reprendra l’avion pour rentrer en Europe.

Conclusion de ce premier voyages aux Indes: c’était super ! je reviendrais, mais par la route cette fois et avec mon propre véhicule !

Décision, fin 1982:

Roland, Christiane et Julie: une famille est née! Mais que devient alors ce rêve d’un voyage aux Indes par la route ?

Malgré les charges familiales normalement incompatibles avec un tel projet, le rêve est toujours là; Christiane et Roland se mettent d’accord pour le réaliser envers et contre tous!. Car « qui ne risque rien n’a rien » comme dit le proverbe. Bien sur que leurs amis et proches ont essayés de les dissuader: « vous êtes complétement fou, en plus avec un enfant en bas âge, la guerre en Irak, et patati et patata …. »

Les préliminaires, fin 1983 – 1984:

D’abord trouver le véhicule adapté: comme Roland est un fan de « deuche », qu’il les connaît « comme sa poche », la bricole sur ce type de voiture ne lui posant aucun problème; la décision est prise, oui ce sera une 2CV, mais impérativement un breack – fourgonnette.
Les recherches pour trouver une occasion à un prix correct commencent; ils acquièrent une 2CV-AK400 pour 200.- FrsCH « à retapper » dans un garage. Après un gros travail de décapage et de mécanique, grande déception ! il s’avère que cette voiture est complètement pourrie, elle sera donnée à des amis pour récupérer des pièces.
Finalement ils se rendent bien compte que pour réaliser un voyage pareil, il faut un véhicule plus récent, si possible en excellent état autant mécanique que carrosserie; qu’il n’y ait que les travaux d’aménagements « camping » et les diverses protections « tout terrain » à faire. D’annonces en annonces, ils trouvent l’objet désiré: une AkaDiane récente, 60’000 Km au compteur, cette occasion a un prix: 6’000.- FrsCH ! (argh! ça fait une sacré somme!)

Aménagement du véhicule: les renseignements sont pris (dommage qu’Internet n’existait pas à l’époque), des mesures et des plans sont établis: les impératifs sont couchés sur papier, reste à faire le travail. Certains objets introuvables sont fabriqués « sur mesure – à la main » (comme le lavabo, les fenêtres ouvrantes, la protection des phares, le hamac de Julie etc..), d’autres acquis au fil des balades dans les décharges et les brocantes (réchaud et à gaz, tente, phare à longue distance); certaines spécialités comme les petits ferrements ont été trouvées dans un magasin d’article nautique. Bref de la miniaturisation: la 2CV est d’un espace restreint, il aura fallu pour l’aménager autant de temps, d’énergie et « d’inventivité » que si c’était un bus camping traditionnel.

Tout-terrains: la route des Indes n’étant pas à la portée d’un véhicule « normal », une attention particulière aux diverses protections ont été pensées et réalisées, inspirées des Land-Rover et autres tout-terrains: tôle de renfort sous le carter moteur, demi-lunes soudées sous les « bananes-amortisseurs » avant, plexi-polycarbonate pare-cailloux par dessus la vitre avant, grillages devant les phares, etc… Seules les plaques de « désensablement » n’auront pas été emportées (heureusement on s’est salement planté au Pakistan, mais on nous a sorti de la « gonfle »).
Pièces mécaniques de rechange, une caissette est prévue à cet effet: freins, alternateur, liquides divers, pompe à essence, vilebrequin, soupapes, tiges, boulons spéciaux, etc…, pour des raisons de place seul un moteur et une boite à vitesse n’auront pu être emportés (dommage, on aurait mieux fait! vous verrez plus loin pourquoi).

Déménagement pour raison économiques: le départ étant prévu pour le mois de novembre, Christiane et Roland se rendent compte que les moyens ne seront pas suffisants pour financer ce voyage, raison pour laquelle ils prennent congé de leur appartement loué. Roland est propriétaire d’un « cabanon » sans confort perdu dans la forêt dans un village du Pied du Jura (CH). Pour économiser ces quelques mois de loyers, ils décident de camper là.

La « paperasse » carnet de route, visas, assurances, passeport, vaccins. Il reste les derniers détails à régler; mais pas des moindres: rapellez-vous 1984: l’Iran fait peur car Komeiny et les intégristes sont au pouvoir, en plus l’Iran est en guerre contre l’Irak. II n’est pas possible non plus de passer par l’Afganistan, car occupé par les Russes qui bombardent le pays « comme des bêtes ». Obtenir le visa de traversée pour l’Iran n’aura pas été facile, il aura fallu 4 mois de tractations avec le consulat de Genève pour y arriver.
Un autre problème, le carnet de passage (dépôt de 5000.- Frs env., garantie pour les pays transités comme quoi le véhicule ne sera pas vendu sur leur terre). Et finalement les détails: les vaccins, les assurances rapatriements et maladie et les passeports.

Phases de tests été-automne 1984:

Il fallait bien la tester cette « deuche »: dans la région, il y avait un club de « deuchistes », le 2CV club de Lussery. Les Chablues se sont approchés d’eux pour participer à des « concentrations »: réunion sur un Week End des fans de tous les clubs Suisse, voir même Européens, où se déroulent des concours: de gymkhana, d’adresse, de relais, de cross, etc… Des bonnes occasions pour tester leur 2CV fraîchement aménagée.
Deux concentrations plus tard, la « deuche » AkaDiane était estampillée du sceau « valide » pour un voyage aux Indes !

 

Genèse et préliminaires
Galerie de 8 photos en relation avec le récit ci-dessus

C’est parti, novembre 1984:

Istambul: une fois passé le pont du Bosphore, bonjour le continent asiatique. Les changements de coutumes et d’habillement sont visibles (femmes à moitié voilée); la nourriture par contre est pratiquement identique à celle la Grèce. Le trajet d’Istambul à Ankara n’est pas des plus intéressant, voir monotone; la route d’Ankara à la frontière Iranienne en passant par Sivas, Erzincan, Erzurum et Agri est plus passionnante, cette portion de trajet (du milieu de la Turquie jusqu’à Téhéran) est une route d’altitude, plutôt montagneuse, un peu comme un « alti-plano ».

Quelques kilomètres avant la frontière Iranienne, ils côtoient l’imposant Mont Ararat, culminant à 5160 m. (une légende dit que l’Arche de Noé aurait abouti ici, et serait enterrée quelque part au pied de la montagne).

Iran

Le passage de la frontière se passe mal, la voiture ne veut plus démarrer ! Apparemment, le démarreur ne fonctionne plus: démarrage à la manivelle (un des plus de la 2CV… elle n’a d’ailleurs pas fini de rendre des services, cette manivelle). Au bureau de douanes, Roland se prend « de bec » avec les douaniers au sujet du carnet de passage soit disant non conforme, après maintes discussions, tout s’arrange, grâce au chef du service qui passait par là.

Précision importante: à partir de ce stade (intégrisme et « Komeinysme » oblige) jusqu’à la sortie du Pakistan, Christiane aura les cheveux couverts avec un foulard (mais pas le Tchador obligatoire pour les Iraniennes) ainsi qu’une tenue stricte (gris foncée – en pantalon et surtout pas de jupe). Autre précision: les photos sont totalement interdites (d’où le peu d’images).

Route jusqu’à Téhéran sans encombres. L’ambiance est tendue, les gens paraissent « coincés » et stressés, voir pas sympa (le pays est en guerre avec l’Irak, nous vous le rappelons). En pleine ville, Roland ne retrouve plus la « bonne » route, celle de Qom; les indications sont en Arabe seulement et les gens n’ont pas envie de vous aider. Finalement carte et boussole en main (ce sera la seule fois) le « bon » chemin est retrouvé.

Autre précision: comme le pays est en guerre, le visa de transit a été délivré pour 5 jours seulement, il faudra foncer pour arriver à « enfourner » les 3’000 km de l’Iran à la frontière Pakistanaise, et surtout prier pour qu’aucune panne n’arrive ! (eh bien… un grand merci à Allah, qui était de la partie).

Situation dans le pays: plusieurs contrôle et barrages divers dans la journée (l’armée et les gardes de la révolution); interdiction de rouler de nuit phares allumés; pour prendre de l’essence les autochtones vous bousculent.

Détail intéressant: suivant le change obtenu (au noir), l’essence revient à 12cts le litre et le diesel à 2cts le litre (soit, moins cher que l’eau potable).

Pour passer la nuit, la seule solution pour dormir en toute sécurité est de demander « l’hospitalité » à l’armée lors d’un passage à un barrage. Plûtot sympa quand même.
La route empruntée pour traverser le pays, vu le temps imparti, est « le chemin le plus court » pour le Pakistan: Téhéran, Qom, Ispahan, Yazd, Kerman, Bam et Zahedan. Le but étant bien sur aussi, de se tenir le loin plus possible de l’Irak, lieu du conflit. Avec une moyenne de 700 à 800 Km. par jour, le délai imparti par le visa arrive à échéance, heureusement la frontière du Pakistan pointe à l’horizon.

 

Départ, itinéraire de Suisse en Iran
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